La crise en Ukraine et l’implication des géants de l’internet

Comme on le démontrait dans un précédent billet, (et ce n’est d’ailleurs un secret pour personne), les géants du Web ont pris depuis quelques temps leur cape de chevalier promoteurs de la démocratie. Nous avions vu Facebook en guerre contre les comportements inauthentiques coordonnées, mais aussi lutter contre les discours haineux, inappropriés etc. Pourtant, avec la crise Ukraine/Russie, le géant et ses potes semblent avoir retourné leur veste (ou leur cape, choisissez).

Quel est le problème avec la crise ukrainienne?

En 2021, pour lutter contre les discours Facebook (devenu Meta) avait déployé une intelligence artificielle pour lutter contre les contenus inappropriés dont les propos injurieux, appelant à la violence et la haine. Avec une très rare réactivité, Facebook, Twitter s’étaient manifestement entendus pour bannir Donald Trump qui ne se gênait pas du tout pour ramer à contre courant dans son expression sur les réseaux sociaux.

L’un des principes (apparemment inviolables) sur Facebook est l’interdiction des discours de haine, et d’appel et incitation au meurtre. Mais dans la crise ukrainienne, que s’est-il passé? Facebook a pris la stupéfiante décision de modifier sa politique de modération pour faire preuve « d’indulgence » envers les menaces de mort proférées contre des soldats et les dirigeants russes, en pleine guerre en Ukraine. Plus clairement Le réseau social a confirmé, le jeudi 10 mars, faire de grosses exceptions à son règlement sur les contenus haineux en autorisant les messages hostiles à l’armée et aux dirigeants russes. La plateforme déclare qu’elle ne modérera pas les appels à la violence contre “l’envahisseur russe” Historique et stupéfiante décision.

Si l’on comprend bien, Meta (Facebook+Instagram) y va au cas par cas, suivant les pays. Cette décision qui montre clairement un manque de constance du géant du Web a de quoi inquiéter.

Traitement au cas par cas?

Les responsables du réseau social s’expliquent : « À la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, nous avons temporairement autorisé des formes d’expression politique qui violeraient normalement nos règles, comme des discours violents tels que ‘mort aux envahisseurs russes' » tout en précisant que « Nous n’autoriserons toujours pas les appels crédibles à la violence contre les civils russes.”.

D’après l’agence de presse Reuters, cette mise à jour du règlement s’applique à des territoires précis : Arménie, Azerbaïdjan, Estonie, Géorgie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie, Russie, Slovaquie et Ukraine. La modération restera donc “classique” dans les autres pays et pour les autres conflits dans le monde.

Il y a quand-même de quoi être dubitatif, une telle décision historique ne sera que le début d’une jurisprudence indécrottable. La grande leçon à en tirer est claire : Internet et les opinions qui y circulent sont de plus en plus contrôlés par les géants du Web. Ces genres de positions posent problème. Ce manque de constance dans les prises de position appelle à être prudent envers ces plateformes.

La vie humaine est sacrée et personne ne devrait faire l’apologie du meurtre, surtout pas les plateformes qui adhèrent ouvertement aux principe d’un monde libre.

La guerre des nouvelles technologies de l’Information en Ukraine

Ces faits démontrent que nous sommes dans une guerre 2.0 (ou 3.0?) où les technologies de l’information sont hyperprésentes. Une guerre sur fond de propagande, riche en fausses informations, en cyberattaques, en prises de position des grandes entreprises du Web (Avast, Kaspersky Cloudflare, Twitter, Google, Microsoft, Apple etc.), en développement du Darkweb…en nouvelles leçons sur les questions de données

Ces développements intéressants, qu’on le veuille ou non, façonneront le monde, bien après la guerre. On y reviendra sans doute.

Pour en savoir plus…

Publié par Seyram Adiakpo

Je suis Seyram Adiakpo, juriste de droit public très intéressé par la problématique de l'internet et de la souveraineté numérique. Je discute sur mon blog des enjeux juridiques liés à internet et à son usage.

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