Dans mon précédent billet, j’étais en train de discourir de l’opportunité que le COVID-19 pouvait représenter en terme d’amélioration de l’environnement numérique du travail. Aujourd’hui, nous allons parler de l’état d’urgence. On a bien constaté que plusieurs États ont décrété l’état d’urgence… alors, quelles répercussions sur le numérique et le cyberespace?
État d’urgence, qu’est ce que c’est?
État d’urgence, les juristes et politistes en savent bien long (et large). Cela aura donné des migraines lors d’examens de droit constitutionnel et de droit administratif. Mais bon, très simplement, qu’est ce que c’est?
L’état d’urgence est un régime exceptionnel, qui renforce les pouvoirs de l’autorité administrative, certains troubles intervenants. Ces troubles peuvent être notamment des cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public ou des événements présentant, par leur nature et par leur gravité, le caractère de calamité publique. Comme on l’avait dit plus haut, l’état d’urgence renforce considérablement les prérogatives de l’autorité administrative. Elle met « en veilleuse » plusieurs lois et règlements et restreint les libertés.
Il a été décrété « l’état d’urgence sanitaire » dans beaucoup de pays dans le monde et maintenant en Afrique, notamment au Maroc. Probablement que d’autres États suivront.
Ok! Mais quelles conséquences pour le numérique?
Par numérique, j’entends l’informatique, mais aussi les télécommunications (téléphone, radio, télévision, ordinateur) et Internet. C’est la définition de l’ONISEP. Mais j’y mets aussi les règles qui entourent cette sphère. Alors, l’état d’urgence pourrait-il se répercuter sur le numérique? Je pense bien qu’on doive opiner, bien que nous soyons face à un état d’urgence de type bien particulier (état d’urgence sanitaire).
Tout d’abord, il est constant que les prérogatives importantes du pouvoir public pourraient bien l’amener si cela est justifié, à procéder au blocage de certains sites web (on l’a dit, l’état d’urgence peut être réducteur des libertés). Mais c’est quand même extrême. Parce que cette fois-ci nous ne sommes pas en guerre ni face au terrorisme (Ah! en voici un mot qui est porté disparu à l’avénement du Covid 19!). Toujours en raison de ces prérogatives, les censures peuvent survenir sans aucune forme de procès, les libertés numériques peuvent être restreintes, le pouvoir de contrôle des acteurs étatiques d’internet peut décupler et les restrictions au droit d’information peuvent voir le jour. Et pourquoi? Toujours pour le bien des populations, pour éviter que ça parte dans tous les sens et pour servir un seul type d’information, jugé plus crédible et digne de foi. Il faut espérer que nos États ne sombrent pas l’absolutisme!
En outre, il faut peut-être craindre que dans certains pays, la fourniture du service de téléphonie soit perturbée et ait des conséquences sur la capacité des uns et des autres à se connecter à internet.
Mais bon! Le tableau n’est pas que noir!
Ça peut aussi avoir ses bon côtés pour le cyberespace
Cet état d’urgence pourra amener encore à des améliorations de l’environnement numérique. Oui, imaginez toute la masse humaine que gèrent les hôpitaux de certains pays actuellement. Il pourra permettre de mobiliser la ressource nécessaire pour protéger davantage les systèmes de l’information.
En outre, cette situation pourra, plus que jamais, mobiliser les acteurs du numérique autour de la recherche de solutions pour une fin rapide de crise. C’est ainsi que les citoyens, confinés chez eux mais connectés, imaginent des solutions positives comme actions de solidarité pour assister en cas de difficultés. En France par exemple, le Groupe de soutien en cas de crise numérique a été créé. Il apporte des conseils et assistances gratuites aux pharmacies, cabinets médicaux, mairies, établissements scolaires, commerces d’alimentation, associations, indépendants… Il y a aussi hacklacrise.fr. N’est-ce pas beau ça, toute cette solidarité?
Ce qu’il faut espérer…
Maintenant que nous savons ce qui peut arriver, il n’y a plus qu’à croiser les doigts que les citoyens du Cyberespace restent aussi responsables et solidaires. S’ils le restent, alors, même les restrictions liées à Internet trouveront vite une alternative. Toute la productivité des geeks confinés chez eux servira à le faire avancer.
Une dernière chose…et très importante
Respectez scrupuleusement les mesures prises par les pouvoirs publics en ce qui concerne le Coronavirus et suivez les conseils de l’OMS. Important !