L’Afrique, un terreau fertile pour la philosophie du logiciel libre 2/3?

J’avais expliqué dans le précédent billet les considérations terminologiques liées au logiciel libre, ce qui nous avait amené un peu à parler d’une notion voisine (peut-être) encore plus sexy, l’Open source (à distinguer de l’Open Data). Mais quel intérêt pour l’Afrique? Tant pour le développeur qui crée que pour l’usager qui consomme ?

Le coût…

Le premier intérêt du logiciel libre est tout d’abord financier. On sait bien qu’il faut sortir de l’argent si l’on veut utiliser les logiciels propriétaires (opposé des logiciels libres). Tout le monde a déjà vécu ça. Après le nombre de jours d’essais autorisés, il faudra acheter au sens propre du terme le logiciel, ce qui donne droit à un code de validation qui permettra de jouir du logiciel. Pourquoi? Pour honorer le droit d’auteur du propriétaire… et aussi pour profiter des mises à jours ultérieures (améliorations) du logiciel. Le payement peut permettre de jouir du logiciel (ou de l’application) pour un temps et/ou pour toujours. Beaucoup d’usagers (ou technophiles) africains n’ont pas encore la culture de l’achat pour plusieurs raisons qui peuvent se comprendre aisément. Le libre facilite bien de choses. On aura la conscience plus tranquille en travaillant avec une solution libre (ou open) source qu’avec un logiciel hacké!

La solidarité au sein de la communauté tech…

Le second intérêt est étroitement lié au premier. Puisqu’il s’agit d’un compromis. L’accès au logiciel libre est gratuit le plus souvent. L’usager qui s’y connaît peut apporter des modifications au code source s’il y décèle des problèmes ou des bugs. Le libre permet de fédérer les efforts autour d’un travail commun. S’il est adapté aux bourses des uns et des autres, il développe aussi le sens de la communauté. Partout sur le continent, on voit des dynamiques se mettre en place. Les développeurs peuvent en profiter largement et contribuer ainsi au développement de l’économie. En outre, par sa bonne redevabilité aux standards, le libre offre de bonnes garanties d’interopérabilité avec les autres logiciels.

L’intérêt économique!

L’aspect économique de la chose revient. La plupart des éditeurs de logiciels propriétaires sont occidentaux. L’Afrique peut offrir mieux tout en nourrissant sa communauté de développeurs en terme d’innovation et de travail commun.

En gros, si le libre donne largement la place au travail collaboratif, il se soustrait relativement des règles du modèle économique des logiciels. L’autre intérêt est la rapidité de la disponibilité de l’œuvre, de ses améliorations. Il offre aussi aux utilisateurs (individus et entreprises) des solutions à faible coût. Dans une Afrique qui se développe rapidement (oui, je le pense) et où les PME/PMI ont besoin de solutions de qualité mais adaptées à leurs besoins mais aussi à leurs bourses, le libre est sans doute à applaudir. En réalité, les solutions offertes par les logiciels propriétaires éditées par les grandes marques ne sont pas toujours adaptées aux réalités locales des petites entreprises en Afrique et leur coût est parfois un problème pour le jeune entrepreneur/industriel.

Est-ce tout?

Je sais bien que certains lecteurs ne partageront pas mon point de vue et je serais bien ravi de lire leurs opinions. Le libre n’a pas que des avantages, bien évidemment (peut-être y reviendrai-je dans une prochaine publication). En clair, il reste encore beaucoup à dire sur le libre. J’aimerais bien y aller légèrement sur l’aspect juridique de la chose. Oui, le libre est un compromis. Comment est-ce que cela s’organise? Quels liens avec les droits d’auteurs? Comment appréhender cette question? On y consacrera le prochain billet. Il discutera un peu des questions de droits d’auteur et de licences. Cela nous fera donc une trilogie.

En savoir plus…

Publié par Seyram Adiakpo

Je suis Seyram Adiakpo, juriste de droit public très intéressé par la problématique de l'internet et de la souveraineté numérique. Je discute sur mon blog des enjeux juridiques liés à internet et à son usage.

4 commentaires sur « L’Afrique, un terreau fertile pour la philosophie du logiciel libre 2/3? »

  1. Très cool. Aujourd’hui il n’y a pas encore de poursuite en Afrique par rapport à l’utilisation de logiciels de hacké mais je pense que nous pensé à explorer les pistes sur l’utilisation de logiciels libres. Au début on pense que c’est compliqué mais croyez moi on s’y habitue et s’est cool.
    Merci seyram

    Aimé par 1 personne

    1. Merci Komlavi! Pour le moment la poursuite judiciaire est encore absente. Le logiciel libre est une piste à explorer pour nos communautés. 😀 c’est vrai que le libre est parfois un peu rébarbatif et compliqué (exemple LINUX). On peut trouver moyen de faciliter leur usage au commun des usagers. Par contre il existe des alternatives aux logiciels propriétaires. Dans un prochain article, j’en proposerai et vous pourrez compléter la liste.
      Merci encore, Komlavi.

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