Le Togo condamné pour les coupures d’internet, faut-il jubiler?

L’Internet est un droit de l’homme et il est de plus en plus en passe d’être reconnu comme tel. Cependant, les coupures d’internet sont de plus en plus fréquentes en Afrique. Dans le contexte du Togo, une décision a été rendue le 25 juin 2020 par la Cour de justice de la CEDEAO, condamnant le Togo pour avoir la restreint de l’accès à internet du 5 au 10 septembre et du 19 au 21 septembre 2017. Une victoire considérable pour les droits numériques au Togo (mais aussi en Afrique).

Pourquoi faut-il condamner les restrictions de l’accès à internet?

Comme je l’avais laissé entendre plus haut, l’accès à internet est en passe de devenir un droit humain (c’était déjà un droit). En 2016, Le Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des nations unies (ONU) avait adopté une résolution pour «la promotion, la protection et l’exercice des droits de l’homme sur internet». Cela consacrait le droit de l’accessibilité à internet comme un droit fondamental. Par cette résolution, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a condamné «sans équivoque les mesures qui visent à empêcher ou à perturber délibérément l’accès à l’information ou la diffusion d’informations en ligne».

Cette résolution s’est orientée sur l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui encadre le droit à la liberté d’opinion et d’expression depuis 1948. L’article 19 stipule que «tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit».

Internet est devenu un facteur très important à prendre en compte dans la protection de la liberté d’expression.

Quel est le contexte de la décision?

En décembre 2018, sept Organisations non gouvernementales (ONG) basées au Togo et une journaliste blogueuse ont saisi la Cour de justice pour dénoncer la violation par les autorités de la liberté d’expression.

Il s’agit de l’Amnesty International Togo, l’Institut des médias pour la démocratie et les droits de l’homme (IM2DH), La Lanterne, Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), l’Association des victimes de torture au Togo (ASVITTO), la Ligue des consommateurs du Togo (LCT), l’Association togolaise pour l’éducation aux droits de l’Homme et à la démocratie (ATEDHD) et la journaliste Houefa Akpedje Kouassi.

Les restrictions de l’accès à internet étaient intervenus dans le contexte de manifestations organisées depuis la mi-août 2017 appelant à des réformes constitutionnelles, dont la limitation du nombre de mandats présidentiels. Du 5 au 10 septembre 2017, les autorités ont limité l’accès à Internet dans le pays, dans la foulée des manifestations prévues par plusieurs partis d’opposition et la société civile pendant trois jours entre le 6 et le 8 septembre, sans doute, en raison des risques de forte médiatisation de ces manifestations sur les réseaux sociaux.

La cour a jugé les coupures d’Internet non fondées par la loi, a déclaré l’Etat coupable de violation de la liberté d’expression. Elle a par ailleurs condamné l’Etat togolais à verser à titre de dommages et intérêts, la somme de deux millions FCFA à chaque plaignant. La Cour a reconnu que l’accès à Internet était un droit.

Une victoire?

Absolument. La portée de cette décision est non négligeable et dépasse le contexte togolais. Les coupures d’internet sont assez récurrentes en Afrique et sont fortement liée au climat politique.

Reconnaître que l’accessibilité à Internet comme un droit ouvre des perspectives nouvelles en Afrique et donne un signal fort. Cette reconnaissance est aussi une bonne nouvelle pour la démocratie, la bonne gouvernance et la paix sociale…mais aussi et surtout pour l’économie, désormais très dépendante de l’internet.

Pour en savoir plus…

Peut-on se cacher sur internet?

Avec internet, le monde est devenu plus petit et presque tout le monde tient un téléphone en main. Il s’est même créé tout une planète en ligne (que certains appellent le cyberespace ou le web). Ce monde a ses opérateurs économiques, ses citoyens, ses écoles et devient de plus en plus une reproduction du monde matériel. Il a même ses infractions… mais quand les gens commettent, comment les traque-t-on? Comment sont-ils punis?

Pourquoi on ne peut plus se cacher?

Aujourd’hui, presque tout le monde a un compte Gmail. On ne peut plus rien cacher à Google. Google collecte les données, les réseaux sociaux gardent nos traces. Les opérateurs téléphoniques nous pistent.

Mais le plus grand surveillant, c’est le concepteur de nos téléphones, et aussi les grands fournisseurs de services web (la traditionnelle litanie Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft). Ce qu’il faut retenir, dès que vous utilisez un smartphone (ou un ordinateur dans certains cas), il est difficile de se cacher. Les adresses IP et les données collectées facilitent la localisation.

Autre chose, le darknet. Mais là, c’est une autre paire de manches. Beaucoup ont des fausses idées là dessus. Un prochain article en parlera.

Comment traque-t-on les malfaiteurs sur Internet?

Certains pays son dotés de brigades du Web avec des agents spécialisés. Ils se mettent en branle quand des individus sont victimes d’arnaques, des entreprises sont victimes de vol de données.

Dans les pays africains, le phénomène de l’arnaque en ligne se développe avec les « brouteurs »…la sécurité en ligne doit être l’impératif de notre société de l’information. Chacun a sa partition à y jouer, tant les pouvoirs publics et les acteurs du numérique que les citoyens communs.

Mais de toutes façons, il revient à chacun de s’informer et se protéger en ligne. Par contre, avant de commettre quelque forfaiture en ligne, pensez-y par deux fois.

Pour en savoir plus

Sur les sextapes, que faut-il savoir?

Aujourd’hui, je souhaite me prononcer sur la question des vidéos à caractère pornographique qui ont circulé sur les réseaux sociaux ces derniers temps. On y a vu des jeunes élèves (mineurs certainement) s’adonner à des pratiques sexuelles. Et ça prend tristement des allures de challenge. Et il ne s’agit pas que d’élèves. Des individus de tout acabit s’y mettent. Mais n’est ce pas dangereux déjà?

Les conséquences de la violation de l’intimité de la personne en ligne

Sur les conséquences de ces actes, notre aîné, le Prof Ayewouadan en a parlé dans son article Les réseaux sociaux et le droit togolais (3/8) publié sur son blog. Je vous invite vivement à le lire, tout y est.

Le consentement est nécessaire

Le jour où l’acte est commis est plein de charme, mais les conséquences sociales ne sont jamais loin. Mais si le débat doit être recadré, en dehors de l’acte incriminé posé par les élèves (l’attentat à la pudeur, la dépravation des mœurs), les personnes qui ont partagé ces images sont auteures de la violation de l’intimité des personnes. Une personne qui accepte d’être filmée ne consent pas forcément à ce que ces images soient publiées. Les partageurs ont donc été les responsables de quelque chose.

On ne peut rien effacer en ligne, protégez vos données

Je suis bien triste pour ces élèves qui se sont laissés emporter par l’audace de la jeunesse…malheureusement, on ne peut plus rien effacer définitivement du net… ce sont des données qui peuvent réssurgir, surtout qu’il s’agit de votre intimité. Google ramasse tout.

Vos données sont précieuses, protégez-les. Protégez-vous des revenge porn (éventuels futurs) et protégez votre image en ligne. Chers jeunes, nous sommes à l’ère du numérique et votre avenir en dépend, évitez d’en venir aux nudes. ça peut être excitant, mais ça ne vous arrangera pas, à moins que vous souhaitiez faire carrière dans l’industrie pornographique. Veillez dessus. Très important.

Pour en savoir plus…

Pourquoi avez-vous tant de mal à vous passer des Réseaux sociaux

Question fondamentale! Pourquoi a-t-on du mal à se passer des réseaux sociaux? Difficile à y répondre non? Question pour un champion! Pourtant il y a bien des réponses! Ce que je peux dire déjà, c’est que généralement, on ne vous laisse pas le choix. Le fait que vous soyez addict est de bonne guerre pour l’industrie et l’économie numérique.

Vous faites l’objet d’une étude approfondie

Pour vous rendre addict, les propriétaires des réseaux sociaux exploitent vos habitudes, et ce après analyse des données qui sont collectées sur vous. C’est ainsi que les couleurs sont étudiées pour vous accrocher, de sorte que vous résistez difficilement plus de 10 minutes à l’envie de toucher à votre téléphone. Les notifications sont exploitées, le son qu’ils émettent, leur positionnement sur l’écran de veille, rien n’est laissé au hasard. Tout est mis en oeuvre pour détourner votre attention de ce que vus faites et pour que quand vous vous connectez, qu’il soit difficile pour vous de déconnecter réseau social.

Maintenant que vous avez des défis dans la vraie vie liés au monde professionnel et à votre vie sociale, comment devrez-vous vous comporter?

Comment s’en sortir?

J’avais promis de montrer quelques astuces pour se débarrasser de la nomophobie. Eh bien, c’est l’occasion et cela marche ici. Il existe une foule d’astuces, toutes aussi bonnes les unes que les autres, pour guérir de l’addiction aux réseaux sociaux, des plus drastiques aux plus softs. Le véritable problème que les réseaux sociaux nous posent quotidiennement en dehors du problème de la socialisation, c’est le défi lié au temps et à la gestion des priorités.

Pour résoudre ce souci, je propose de s’exercer à hiérarchiser ses priorités.  Il serait utile d’éviter d’aller sur les réseaux sociaux en début de journée et préférer y aller uniquement à la fin de la journée de travail ou durant les moments de pause.

Il est aussi préférable d’éviter, au travail, de prendre des pauses pour consulter les réseaux sociaux. A la longue, cela vous rendra improductif.

L’autre astuce est de modifier les paramètres de notification. Tant que les notifications ne font aucun bruit, ne s’affichent pas sur l’écran de votre moniteur ou smartphone, vous êtes tranquille et pouvez vous concentrer.

L’organisation personnelle est aussi une bonne piste. La veille, vous pourriez définir en évidence les trois premières choses professionnelles et personnelles que vous devriez faire avant de toucher à votre téléphone ou cliquer sur les réseaux sociaux.

Mais en réalité, tout dépend de votre discipline et rigueur personnelles.

Pour en savoir plus…

Partage de fausses informations, risque de prison?

C’est devenu très courant, les fakenews! Et c’est même une préoccupation fondamentale pour les gouvernants (et aussi un casse-tête pour les services de renseignements), la question des fakenews. Mais… savez-vous pourquoi on peut aller en prison (taule) pour ça?

Pourquoi peut-on aller en prison pour avoir partagé des fausses informations?

Tout d’abord, les fakenews, qu’est ce que c’est ? C’est tout simplement les fausses nouvelles ou informations fallacieuses et mensongères. Si les fausses nouvelles existent depuis l’époque de Mathusalem, elles ont pris une nouvelle dimension. C’est de plus en plus facile d’en créer et d’en diffuser. Mais pourquoi peut-on aller en prison pour ça?

Premièrement, ça met la vie de personnes en danger. En période de Coronavirus, beaucoup d’informations ont été partagées sur les réseaux sociaux contenant de fausses informations concernant : l’origine de la maladie, le mode de traitement…etc. Des informations parfois ahurissantes et dangereuses. Certains traitements proposés contre la maladie étaient même dangereux. Vous comprenez donc que celui qui créée et diffuse de telles informations n’est pas animé de bonnes intentions.

En outre, certaines informations sont de nature à effriter la paix et la cohésion sociale. Des fausses informations sont partagées et sont destinées à mettre le feu aux poudres dans les régions où la paix a un socle fragile.

La loi prévoit-elle des peines?

En Afrique, de plus en plus d’Etats reconnaissent dans leurs législations le caractère cyberdélictuel (ou cybercriminel) des fakenews. Au Togo, grâce à la nouvelle loi sur la cybersécurité et contre la cybercriminalité, on est passible d’une peine de (1) à trois (3) an (s) d’emprisonnement et d’un million (1 000 000) à trois millions (3 000 000) de francs CFA d’amende ou de l’une de ces deux (2) peines si l’on crée ou partage des fausses nouvelles tendant à faire croire à une situation d’urgence. Plusieurs pays africains ont amorcé la démarche de lutte contre les fake-news en même temps que celle de la lutte contre la cybercriminalité en raison de leurs liens forts (c’est le cas du Bénin, du Sénégal, de l’Afrique du Sud etc.).

A qui profitent les fake news?

Mais à qui les fake-news profitent? Certainement pas aux personnes qui les partagent de façon compulsive. Elles profitent aux personnes qui les créent. Mais qui les créent? Ce sont des personnes qui sont très intéressés par le fait que vous soyez désinformés et que vous réagissiez conformément à l’objectif souhaité.

Les fausses informations sont conçues pour des fins politiques (par des politiciens ou leurs agences de communications), par des entreprises (qui partagent de fausses informations sur tel ou tel produit d’une entreprise concurrente), par des journaux en ligne ou physiques ou juste des sites Web (pour faire du sensationnel et attirer des lecteurs), par des marginaux (pour faire le plus de mal possible). Et cette dernière catégorie crée des informations qui peuvent pousser les lecteurs à se révolter et même cultiver la violence. Les liens des fakenews avec les groupes terroristes ne sont pas très difficiles à établir.

Veillez sur vous, faites attention à ce que vous lisez et partagez. Et si jamais l’information concerne le Togo, utilisez TogoCheck.

Pour en savoir plus :

Que dit la Convention de Malabo sur les données à caractère personnel?

Dans un précédent billet, nous parlions des défis africains en matière de protection des données personnelles. Aujourd’hui, je souhaiterais faire focus sur un instrument africain qui situe le contexte de la protection des données.

Quel est l’état des lieux?

Le continent africain est de plus en plus connecté. Les usagers du Smartphone et de l’Internet sont de plus en plus nombreux sur le continent. Les initiatives basées sur le numérique sont de plus en plus nombreuses et l’économie numérique connaît un élan sans précédent. L’accès au Web est de plus en plus démocratisé. Seulement le problème qui se pose est de taille et lié aux données que génèrent la présence de toutes ces personnes connectées.

Les données, collectées à tour de bras sont réutilisées à des fins publicitaires et même politiques. Oui, politiques. Un récent rapport du DFRLab a révélé que la technologie peut désormais influencer et influence l’issue des élections en Afrique et dans le monde. L’entreprise Ureputation de « cyberinfluence et d’intelligence digitale » a monté une vaste opération de désinformation et d’influence politique par Internet, afin d’influencer les élections en Afrique de l’Ouest francophone (en clair, selon le rapport, les très récentes élections en Afrique de l’Ouest francophone auraient été fortement influencées. Le mode opératoire consiste à créer sur Facebook et Instagram des centaines de faux comptes et pages voués à influencer les électeurs. Selon DFRLab, les pages et les pseudo-médias  «publiaient des contenus mais aussi des sondages trompeurs qui soutenaient le président comorien Azali Assoumani ainsi que l’ex-président ivoirien Henri Konan Bédié, en campagne pour les élections d’octobre 2020, le magnat tunisien des médias Nabil Karoui, candidat battu à la présidentielle fin 2019, ou encore le président togolais Faure Gnassingbé, réélu en février. »

Cela passe presque inaperçu en Afrique (même si cela a suscité un tollé médiatique ailleurs). Un numérique mal maîtrisé en Afrique aura des conséquences désastreuses sur la démocratie et de loin en loin, sur l’économie et la bonne gouvernance.

La faiblesse de la maîtrise de la protection données sur le continent ressemble beaucoup à celle de la gestion de la désinformation (les Fakenews).

Que propose la Convention de Malabo?

La Convention de Malabo sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel (adoptée en 2014) fut élaborée sur le modèle de celle du Conseil de l’Europe. Les Etats africains s’y engagent à encourager la mise en place des institutions qui échangent des informations sur les cybermenaces et sur l’évaluation de la vulnérabilité telles que les équipes de réaction d’urgence en informatique.

Sur la question des données à caractère personnel, la Convention exprime une partie de la pertinence de la protection des données
dans l’environnement numérique et souligne l’importance d’assurer une protection efficace des données personnelles et la vie privée en ligne et de garantir que toute forme de traitement des données dans les États Membres de l’Union Africaine respecte les libertés et les droits fondamentaux des personnes physiques. La convention de Malabo vise à créer un système harmonisé de traitement de données et de déterminer un ensemble de règles communes pour régir le transfert transfrontalier des données personnelles afin d’éviter des approches réglementaires divergentes entre les États membres de l’Union Africaine. Il est donc important d’aller vers des politiques harmonisées des Etats membres.

Etant une question de sensibilité juridique, il faudra alors que la collecte, l’enregistrement, le traitement, le stockage et la transmission des données
personnelles se mènent régulièrement, de façon équitable et non frauduleuse. De l’importance de la question de la transparence et de la confidentialité dans le traitement des données.

Enfin, il faudra que la manipulation des données se fasse dans un environnement informatique sécurisé afin que celles-ci ne soient altérées, détruites ou accessibles par des tiers personnes non autorisés. La réglementation des Etats devra établir de bonnes normes de sécurité pour les fichiers relatifs aux données sensibles.

Un aspect important est la sensibilisation des citoyens. Les individus doivent être informés de la façon dont le cyberespace fonctionne.

Quel est l’état des lieux de la pratique?

Il faut souligner qu’à ce jour, la ratification est bien timide. A ma connaissance, le Togo est le dernier pays à avoir ratifié la Convention, ce qui donne un chiffre de 16 Etats sur les 55 membres de l’Union Africaine. Le chemin est encore long.

Cependant, des efforts sont en train d’être consentis. On les révélera à la faveur d’un prochain billet.

En savoir plus…

Internet et Sécurité des données à caractère personnel, quelles solutions pour l’Afrique ?

J’ai eu l’opportunité de participer à un cours en ligne d’Internet Society (ISOC). Et le titre ci-haut a été mon article soumis pour examen final. Le cours est intitulé « Façonner l’Internet« .

Qu’est ce que c’est qu’ISOC?

L’Internet Society est une association de droit américain à vocation internationale créée en janvier 1992 par les pionniers de l’Internet pour promouvoir et coordonner le développement des réseaux informatiques dans le monde. L’organisation et ses membres travaillent pour un Internet ouvert, globalement connecté, fiable et sécurisé pour tous. Le principal défi est de faire en sorte que l’Internet reste ouvert, global et accessible à tous. Dès sa création, l’ISOC a joué un rôle important dans la coordination, l’échange d’expériences et l’extension du réseau au-delà de la zone des pays les plus riches : Europe de l’Est, Asie, Amérique du Sud et Afrique. En clair, l’Internet est un droit qu’il faut garantir à tous.

Quel était le contenu de mon article?

Les coupures d’internet sont-elles encore possibles?

En premier chef, j’ai essayé de faire une petite analyse pour étudier la possibilité de conséquences de l’état d’urgence sanitaire généralisée sur l’accessibilité de l’Internet en Afrique. Il est bien clair que les chances sont bien maigres, en raison du contexte (généralement politique) des perturbations liées à l’accès à Internet en Afrique.

La question des données personnelles

Ensuite j’ai abordé la question de la protection des données à caractère personnel. Après avoir souligné l’aspect « droit de l’hommien » de la protection des données à caractère personnel des individus, j’ai fait remarquer que ce n’est pas, hélas, l’objet de débats passionnés en Afrique.

L’Afrique a besoin du numérique pour son développement, l’Afrique a besoin de suivre le mouvement mondial lié au numérique, mais l’Afrique a le devoir de protéger les droits en ligne de ses citoyens face aux grandes firmes internationales de l’économie numérique.

Il faut cependant remarquer que l’Afrique consent des efforts très intéressants, au niveau régional, par la Convention de Malabo. Cette convention pose des principes en ce qui concerne les données. Il reste à ce que tous les Etats la ratifient.

L’importance de l’éducation numérique des individus

En Afrique, il y a un grand problème d’éducation. Il faudra éduquer les africains à l’usage du numérique et à la protection de leurs données individuelles. Les individus devraient être instruits sur la portée de leur présence en ligne, de ce qu’ils publient et sur que les firmes qui offrent des solutions font des données à caractère personnel qu’elles collectent.

En outre, les Etats devraient prendre des mesures qui font de la protection de l’individus la priorité et adopter un mode de gouvernance multiacteurs. Il est vrai que la souveraineté de l’Etat lui recommande de prendre des mesures de surveillance, mais ces mesures ne doivent pas porter atteinte au droit à la vie privée des individus. C’est en cela que la présence d’autres acteurs de la gouvernance de l’internet (universitaires, techniciens, société civile, gouvernants etc.) est importante pour trouver des solutions adéquates et innovantes.

L’approche multiacteurs, la clé !

L’article s’achève en invitant les Etats à faire de la protection des donnés individuelles la priorité, par rapport aux autres questions, telles que l’intelligence artificielle. L’autre recommandation est de faudra recadrer le débat et établir les bonnes contreparties avec les nouveaux investisseurs du numérique en Afrique (les GAFAM= Google Apple Facebook Amazon Microsoft) qui collectent à tour de bras les données.

Pour lire l’intégralité de l’article sur le portail web d’ISOC-Togo  

Internet et Sécurité des données à caractère personnel, quelles solutions pour l’Afrique ?

Que faites-vous pour la sécurité informatique de votre organisation?

Savez-vous que généralement, peu d’organisations font très peu attention à leur sécurité informatique? C’est le cas de beaucoup d’entreprises et de beaucoup d’organisations de la société civile en Afrique. Les cyberattaques sont devenues très courantes au fur et à mesure que le club des hackeurs et apprentis sorciers s’agrandit.

La sécurité informatique, qu’est ce que c’est?

La sécurité informatique est une discipline qui se veut de protéger l’intégrité et la confidentialité des informations stockées dans un système informatique. Elle consiste à établir un ensemble de stratégies de sécurité qui fonctionnent conjointement pour vous aider à protéger vos données numériques.

Pourquoi est-ce important?

Parce qu’avant tout, il s’agit d’une affaire qui concerne vos données, celles de vos clients ou celles des personnes dont vous défendez la cause (dans le contexte particulier des organisations de la société civile), celles de votre organisation, celles de vos collaborateurs etc. Vous voyez, c’est hyper-important. Vous ne copierez pas certaines données à tout le monde, n’est ce pas? C’est en cela que c’est important de les sécuriser, d’abord pour vous protéger mais aussi pour protéger ceux qui se mettent en rapport avec votre organisation.

Pourquoi beaucoup d’organisations ne s’en soucient pas?

C’est une grande question. En Afrique, on n’a pas encore la culture de la protection des données et pour beaucoup, les enjeux de cybersécurité se résument à la protection grâce aux logiciels anti-virus. C’est ce qui explique qu’on peut facilement espionner par exemple une organisation qui se dit protectrice des droits de l’homme mais qui dans la réalité, ne protège pas les données qu’elle collecte. L’autre enjeu de sécurité pour beaucoup est d’arriver à ne pas se faire arnaquer sur son porte-monnaie électronique (mobile pay, flooz, tmoney etc), ne pas tomber dans le piège des prétendus touristes qui veulent offrir tous leurs biens oubliés en Afrique, des chantages de revenge porn ou encore des fausses bourses d’études etc.

L’Afrique, nouvelle cible de prédilection

Cependant, l’Afrique est devenue la nouvelle cible des pirates informatiques, la nouvelle destination de rêve, le nouveau paradis. Il s’y passe beaucoup de choses de nos jours, et des choses à prendre très au sérieux. Et la menace concerne aussi les Etats (le scénario de l’espion espionné). En 2018, le groupe de hackers Anonymous a revendiqué une attaque au Gabon. Pendant plusieurs heures, le 28 octobre 2018, plus de 70 sites institutionnels et ceux de nombreuses institutions étaient inaccessibles. La faible culture de la sécurité informatique en Afrique crée une grande vulnérabilité qu’exploitent les pirates informatiques. Malgré les lois qui sont prises à tour de bras dans plusieurs pays (le Togo par exemple s’est doté d’une loi sur la cybersécurité et contre la cybercriminalité), le défi reste de taille et nécessite des efforts pluriels et multidimensionnels ou encore individuels. En gros, n’attendez pas l’Etat, malgré ses moyens, il a les mêmes soucis que vous.

Que faire?

Si vous êtes une organisation, vous devrez désormais penser à comment sécuriser vos données. Les Banques, entreprises financières et certains hôpitaux le font déjà. Cela évite bien de choses. Vos données sont en sécurité et vous ne perdez pas tout du jour au lendemain. Il est important de sécuriser les données des clients. Comment procéder? Demandez l’audit d’un spécialiste en sécurité informatique (nous en avons de très bons en Afrique). Allez au delà de ce que Windows et autres vous proposent. Si vous vous dites que c’est peut-être trop cher, alors demandez vous ce que vous perdez quand toutes les données de votre entreprise ou organisation seront compromises. Et comme je le disais, l’Afrique est un terreau de grandes opportunités. On peut toujours y trouver des solutions efficaces low cost pour votre PME ou organisation naissante. Cela permettra de protéger vos secrets, et sauver vos acquisitions informatiques (certaines attaques compromettent même parfois les installations).

Maintenant, on peut toujours discuter des enjeux sur l’économie, la portée au niveau des droits de l’homme etc. Dans un prochain article on parlera des bonnes pratiques de sécurité informatique en organisation. Bref, protégez vos données.

Pour en savoir plus…

Le smartphone peut vous faire perdre votre emploi !

Nous avions précédemment discuté de l’addiction au Smartphone. On remarque de plus en plus de têtes baissées, même là où il ne faut pas et parfois au lieu de travail. C’est vrai que certaines personnes sont payées pour garder la tête baissée….mais qu’en est-il de ceux qui ne sont pas payées pour ça? Je veux parler de ceux qui n’ont pas été embauchées pour scruter Internet les réseaux sociaux. Peut-on se faire virer pour ça?

Que dit le droit?

Le salarié a le droit d’être connecté. Pris exclusivement, l’acte n’est pas répréhensible. Ce n’est ni un crime, ni on délit (ça on le sait, non?). C’est l’utilisation que vous en faites qui fait que c’est répréhensible ou pas.

Mais où est le problème alors n’est-ce pas? En fait cela relève d’une autre logique. Il est difficile de repérer l’intrusion de la vie professionnelle dans la vie personnelle du salarié, l’inverse est tout aussi complexe. L’usage du Smartphone peut se faire dans un cadre professionnel pour des fins professionnelles,… mais comment vérifier si l’employé s’occupe trop longtemps sur son Smartphone aux heures de travail pour des fins personnelles? Certains employeurs résolvent le problème en s’entendant avec les salariés pour que les tâches soient exécutées correctement et que les résultats soient atteints dans les délais impartis.

L’employeur peut-il interdire l’usage du téléphone ?

Comme je le disais, dans notre droit tropicalisé, il est difficile de surveiller le moindre acte du salarié, surtout quand il s’agit du téléphone. Au Togo par exemple, le code du travail autorise à l’employeur de faire adopter un règlement intérieur (art. 87 du Code de 2006). Cela permettra d’établir des règles de fonctionnement interne et de discipline obligatoires et communes à tous les salariés.

L’employeur peut, dans le règlement intérieur, restreindre l’utilisation du Smartphone sur le lieu du travail. Restreindre par ce qu’il n’est pas réaliste de prétendre pouvoir interdire. Et puis, pour garantir les droits des employés, la restriction doit être fondée. On ne peut apporter des restrictions aux droits des salariés et à leurs libertés individuelles qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché. C’est peut-être le cas du guichetier, du personnel d’accueil, du conducteur de véhicules, de grues, de l’employé qui manipule des substances dangereuses, de l’enseignant.

En outre, le Smartphone peut engendrer des nuisances sonores non avantageuses pour l’ambiance de travail.

Vous comprenez que quand vous n’atteignez jamais vos objectifs mais que vous êtes souvent sur votre téléphone, votre réputation professionnelle en souffrira! Vous pouvez vous faire virer un jour très facilement pour une raison ou une autre alors que la véritable raison serait que vous êtes trop addict à votre téléphone.

Vous pouvez choisir d’être un modèle

Maintenant tout dépend de la façon dont vous souhaitez orienter votre image. Voulez-vous qu’on garde de vous l’image d’une personne qui est toujours en train de farfouiller dans son téléphone, « faire WhatsApp », d’écouter des sms vocales et y répondre en plein travail, faire des selfies? Pensez-vous qu’on pourra vous confier la responsabilité de gérer des personnes? L’image que cela renvoie est simple : celui-ci n’est pas capable de gérer ses passions. Et puis vous savez, il est possible que dans quelques années, la capacité de rester concentré un certain nombre d’heures sans entrer en contact avec son téléphone soit une compétence prisée des recruteurs! Pensez-y et sortez du lot.

Vous imaginez-vous qu’un responsable agacé peut vous reprendre en public parce qu’on a besoin de toute votre attention? Et votre estime de soi brisée à tout jamais? Il ne nous reste maintenant qu’à faire l’effort de bien gérer notre téléphone. Dans le précédent article, j’ai laissé quelques conseils que j’essaie de suivre moi-même (on est presque tous concernés!). Si vous êtes dans le cas, alors bienvenu au club ! On y arrivera. Dans le prochain article, on aura des trucs et astuces vraiment pratiques pour mieux gérer notre (nos) Smartphone (s).

Pour en savoir plus…

Votre excès d’amour pour votre téléphone vous détruit !

Nous faisons désormais partie d’une race d’humains dont le bras droit est doté d’une nouvelle terminaison : un gadget électronique, un Smartphone. Nous ne sommes pas nés avec mais nous l’avons développé suite à une addiction. Et le phénomène a bien un nom scientifique: la nomophobie!. L’homo nomophobus est de toutes générations, de la jeune génération à la plus mature ! La nomophobie est la peur d’être séparé de son Smartphone.

Nomophobie, que faut-il en savoir?

La nomophobie, c’est une contraction de « no mobile phobia ». C’est l’incapacité de faire sans son téléphone. Si c’est comme cela, on est tous devenus un peu nomophobes non? Quelle est votre humeur quand on vous prive de votre téléphone? Que devenez-vous quand la la batterie de votre téléphone est déchargée et que vous n’avez pas de chargeur compatible dans les environs? Pouvez-vous rester un jour, une semaine, un mois sans le téléphone? Votre réponse détermine si vous êtes nomophobe ou pas. Chacun a son petit argument pour rester accro à son téléphone (moi en premier). On reste connecté dessus pour garder le contact avec ses proches, pour être à l’affut des opportunités…bref « pour ne rien rater ». Imaginez-vous un jour sans votre téléphone! J’imagine l’angoisse! Seulement ça porte préjudice!

Les chiffres disent tout!

Savez-vous que nous consultons en moyenne notre téléphone 200 fois par jour? C’est beaucoup, non? Ne pas réussir à manipuler son téléphone est un défi quotidien. Ce défi commence au réveil. Imaginez qu’en gros (ou en moyenne, quand vous prenez votre téléphone, vous y farfouillez au moins cinq minutes avant de passer à autre chose.

La tentation est grande partout. Au lit au réveil (au risque d’être en retard au boulot), au petit coin, au volant ou au guidon, au bureau, au cours, à la pause, au moindre temps d’ennui (Candy crush a la rescousse), dans la rue, en traversant la route (là c’est très dangereux). Il n’y a jamais de mauvais moment pour dégainer son téléphone. J’ai déjà vu des gens cogner des poteaux électriques, des arbres ou même tomber dans des caniveaux parce qu’ils farfouillaient dans leur téléphone en marchant. Oulalah!

Mais l’affaire devient sérieuse quand elle se joue en termes de vies humaines. Selon les études, le Smartphone multiplie par trois le risque d’accidents. Selon les assureurs français, 1 accident sur 10 est associé à l’usage du téléphone portable et sur l’autoroute, 16% des accidents mortels lui sont imputables. C’est alarmant, non?

Et même les kits oreillettes ne nous protègent pas beaucoup de la distraction. Pendant que nous conduisons et qu’un appel survient, nous sommes surtout enclins à regarder droit devant et oublions un peu les rétroviseurs et signalisations. Vous voyez tout ce que le téléphone fait vivre à l’humain!

Téléphone et vie sociale

Connaissez vous les Hikikomori? Ce mot exotique nous vient du Japon et désigne un jeune retranché chez lui, hyperconnecté et qui ne prend plus part à la société. Bien que ce terme vienne du Japon, il désigne l’ensemble des personnes qui présentent ce comportement. De quoi vivent-ils? Beh…ils vivent au crochet de leurs parents (riches sans doute!). Cela est un phénomène de pays compliqués mais qu’il ne faut pas exclure en Afrique.

Le cas des Hikikomori est assez excessif, mais nous n’en sommes pas très loin parfois. Toujours connecté, toujours en train de regarder l’écran du téléphone, on en oublie l’entourage. Certaines personnes, pour éviter aux autres ce désagrément au cours d’une soirée ou sortie de groupe, préfèrent rester bonnement chez eux pour passer du temps avec leur téléphone chéri. Voyez-vous?

En outre, la présence des Smartphones partout a désacralisé bien de choses. On n’hésite plus à dégainer partout : couvent traditionnel, église, mosquée, cours, chiottes (considérés par beaucoup de personnes comme un endroit privilégié de rencontre avec soi-même), sortie galante, réunion familiale, lit. Beaucoup de situations sont ainsi désacralisées.

L’addiction, créativité et concentration

Selon certaines études, le Smartphone mobilise une grande part de notre attention. Une attention permanente chasse l’ennui. Or l’ennui stimule la créativité. Et vous savez ce que la créativité représente pour la science et l’art.

Vous imaginez que certaines personnes sont hyperconnectés alors qu’ils exercent un métier qui nécessite de l’attention. Les exemples seront nombreux : guichetiers (es) qui servent les clients avec une main munie de Smartphone (bonjour les erreurs!), les agents de police (sensés être disciplinés et organisés) qui gèrent la circulation en jetant des coups d’œil au téléphone…les assistants (tes) de direction qui tiennent à écouter ou répondre à tel message avant de servir le client (et gare à celui qui voudra intérrompre) etc.

Cela fait désormais partie des nouveaux facteurs qui ont renforcé la lenteur de l’administration publique dans nos pays, tant qu’on y pense. On devrait imposer plus de rigueur. Il en va des nerfs des usagers du service public.

En dehors de cela, je n’ose pas imaginer les opportunité que nous laissons passer parce que le regard était dans le téléphone. Que de livres auraient pu être écrits (et de billets rédigés, mea culpa!), des foyers auraient pu être sauvés, des emplois obtenus, des contrats conclus et des vies moins saccagées.

La nomophobie entretient la procrastination et chasse l’ennui, facteur important de la créativité et l’introspection.

Mais on utilise bien le téléphone pour travailler, non?

Absolument! L’emploi du téléphone est parfois utile sur le lieu de travail. Ce qui justifie son introduction et sa tolérance par les patrons. Mais quels sont les contours de l’usage du Smartphone dans l’environnement du travail et quelles conséquences juridiques de la nomophobie? Nous allons aborder les aspects juridiques de la cause dans le prochain billet!… et ensuite on verra ensemble comment gérer cette addiction.

Pour en savoir plus…

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer